Helsinki, 4 janvier 2019














Iida revient juste d’Inari, où elle aussi a étudié l’artisanat et la langue sami. Là-bas, elle habitait près du lac, mais la berge opposée lui était cachée par une île. Elle guettait la formation de la glace sur l’eau dans l’espoir de pouvoir gagner celle-ci en marchant dessus. Longtemps la glace, trop fine, n’aurait pas supporté son poids, mais un matin, Iida a aperçu les traces d’un chien filant droit vers l’île. Se disant qu’elle n’était guère plus lourde qu’un canidé, elle a suivi ses traces. A mi-chemin, des traces minuscules, infiniment légères, croisaient celles du chien, dessinant des arabesques sur la neige. Iida les a suivies jusqu’à leur destination et a trouvé le corps d'une souris gelée sur le lac. Poursuivant sa route, elle a atteint l’île. Du sommet elle a pu considérer la rive opposée. Arbres et collines. Il est bien possible que cette attente de la glace, et même ce petit animal apparaissent dans mon texte, bien après le dégel.  
 
Après l’entretien, Iida nous invite à l’accompagner au vernissage d’une amie dans une galerie du centre ville. Nous partons donc pour le quartier de Kamppi où la galerie Hootu vient de déménager. La soirée s’achève au Corona, l'un des bars tenus par Aki Kaurismaki, parmi une bande de joyeux drilles. Faire connaissance semble aller de soi, nous sommes intégrés à la conversation comme si nous avions toujours fait partie du paysage. Cette sensation nous remplit de joie et nous rassure quant à la suite de notre projet. S’il est aisé d’entrer en lien avec les gens, nous pourrons poursuivre nos entretiens facilement lors de nos prochains séjours.