Ne rien comprendre pour tout prendre

Une performance célèbre le choc sensitif du Japon « Ne pas comprendre la langue et l’environnement dans lequel on est plongé induit un calme incroyable. C’est l’accès direct à la réalité sans passer par le sens. » Ce « calme idéologique » observé par le musicien Jacques Demierre lorsqu’il était au Japon a résonné avec les sentiments de liberté et de tranquillité perçus dans le même pays par la clarinettiste Isabelle Duthoit et le vidéaste Alexandre Simon. Séduits par cet effacement du sens, les trois artistes cosignent Blanc, une création entre lumière, musique et images qui souhaite offrir au public une « relation directe à la sensation » identique à celle captée au Japon. En toile de fond, un texte de Roland Barthes, L’Empire des signes, où le sémiologue, partisan du « Non-Vouloir-Saisir », relate entre autres observations de terrain son coup de cœur pour le haïku, « qui n’éclaire, ni ne révèle rien ». « Il s’agit d’atteindre un nécessaire vide de parole en prenant paradoxalement appui sur ce texte, sur la précision de ce travail d’écriture » expliquent les auteurs. L’idée ? Retrouver dans notre monde connu la même virginité d’observation qui est pratiquée dans un pays étrange et étranger. Ainsi présentée, cette création mise en espace par l’excellent Jacques Gabel apparaît comme une parenthèse zen plutôt proche du silence et de la méditation. Le Blanc sonore sera sans doute la tonalité dominante… Mais, lors de son séjour nippon, Jacques Demierre a aussi beaucoup apprécié le pachinko – croisement entre une machine à sous et un flipper – et la vente de thons à la halle aux poissons. Des odeurs et du bruit, il y en aura donc aussi. 

 

Le Temps, avril 2009, Marie-Pierre Genecand

 

 

 

 

 

 

Des Haïku à voir et à entendre au Grütl

(…) Bien plus qu'une hypothétique narration, c'est la traduction d'un choc sensoriel qui constitue le propos de Blanc, spectacle dont la conception par Jacques Demierre, Isabelle Duthoit et Alexandre Simon a été précédée d'une phase d'immersion au Japon. Pays de contrastes extrêmes entre bruit et harmonie, entre les lignes claires de la nature et le vacarme des salles de pachinko (ces machines à sous érigées en sport national), le Japon a stimulé cette écriture volontairement vierge de parole et ouverte à interprétation. La difficulté d'un tel exercice, c'est de captiver l'attention par l'enchaînement minutieux des haïkus et la diversité des techniques employées par les interprètes. Leur précision est fascinante ; à chacun d'accepter l'invitation au voyage.  

 

Le Courrier, 9 avril 2009, Roderic Mounir

 

 

 

 


 

Souvenirs du Japon et de Barthes

  Leur spectacle (...) révèle l'indicible, les paradoxes japonais, par l'organique mélange des rythmes singuliers des trois artistes, ou plutôt des cinq. L'artiste performeur et vocal Christian Kesten habite le spectacle, telle une silhouette nippone eu marche. Et c'est sur une vaste peinture de Jacques Gabel, posée au sol, pâle et poudreuse, que sont projetées des images, presque abstraites-visions urbaines, industrielles ou simples branchages. Jacques Demierre joue de l'épinette, en triture aussi les cordes, en fait couiner les flancs. La voix d'Isabelle Duthoit semble chercher au plus profond de ses entrailles ce que le Japon y a déposé de goûts, d'odeurs... Les sensations sont parfois très physiques.  

 

La Tribune de Genève, avril 2009, Elisabeth Chardon

 

 

 

 


 

Le Japon et Barthes inspirent «Blanc»

Blanc ne se raconte pas. Tout au plus propose-t-il un voyage, «une enveloppe sonore et visuelle, où il n'y a rien à comprendre, rien à saisir mais tout à prendre.»  

 

La Tribune de Genève, avril 2009, Chantal Savioz

 

 

 

 

 

 Le Grü explore le «Blanc» musical (...) Lorsque la Black Box devient Blanc, la scène se métamorphose en une subtile machine à créer de l'illusion.(...)  

 

La Tribune de Genève, 7 avril 2009, Fabrice Gottraux

 

 

 

 


 

Alexandre Simon a créé des séries d'images où ne se forme pas une articulation de sens mais où se crée une suspension d'état, l'arrêt de cette radiophonie intérieure de questions permanentes. Images projetées sur une toile au sol signée Jacques Gabel, peintre et scénographe, autour de laquelle s'organisent le public et les musiciens. Images pour atteindre un état particulier, un état de suspension.  

 

La Vie protestante, avril 2009, Frederic Desbordes

 

 

 

 

 


 

Coup de Coeur de 20 minutes.

Blanc c'est l'aboutissement de regards croisés sur le Japon. Pas de narration, juste le silence, qui témoigne de cette tranquillité et de cette pudeur propres au Japon.  

 

20 Minutes, 9 avril 2009, Stéphanie Monay

 

 

 

 

 


 

Les regards des trois concepteurs sur l'Empire du Soleil levant divergent et s'enrichissent mutuellement. Une référence commune les accompagne et les guide, L'Empire des signes de Roland Barthes  

 

La Côte, 8 avril 2009